Photographie :
BASE PARTS - (2005)
Dans les années 20, des ruines du château, les maîtres des lieux, Henry Clews, sculpteur et sa femme Marie, feront naître dans un joyeux mélange de styles, un lieu étrange, voué à la création artistique, aux rencontres, aux fêtes. Une atmosphère particulière règne aujourd’hui en ce lieu. Dans les caves, les sculptures de Clews reposent, brisées, sous leurs linceuls de plastique. Henry Clews et Marie dorment à jamais au pied de la tour ; leurs tombeaux restent entrouverts, selon leur volonté, afin que leurs âmes puissent se rejoindre, tout en haut, dans la pièce interdite… Superposer des « rituels », confronter des vestiges, au sens premier de trace, au-delà du temps, telle sera la direction de travail in situ de l’artiste. Pour les artistes en résidence, une logistique est mise en place afin de les libérer de certaines contraintes quotidiennes. Dans la cuisine, le tableau blanc est rougi du programme de la journée par les personnels de service : blanc leur uniforme, blanc les morceaux de sculpture dans les caves : chiffres, heures et tâches s’alignent sur la surface vinylique tandis que le voile opaque déposé sur les fragments de plâtre a été, lui aussi, partiellement rougi des références des œuvres de Clews. Dans « Base Parts » (nom retrouvé systématiquement sur le scotch marron des références), la photographie joue pleinement son double rôle de mise en lumière et de filtre, d’empreinte et d’emprunt, dans une stratification temps/vies/objets. La cuisinière, le maître d’hôtel sont photographiés, vêtus de blanc, sous un plastique transparent recouvert de leur calligraphie rouge, détachée de son support/tableau. Le scotch marron est positionné sur l’image, mais cette foi-ci, physiquement, afin de troubler les repères spatiaux et temporels. Et comme pour mieux retenir cette vie, l’ensemble est emprisonné dans une résine contrairement aux photographies des œuvres de Clews où devant ces corps disloqués, toute « tentative d’évasion » semble vaine.
Œuvre réalisée in situ en résidence d’artiste au château de La Napoule-Mandelieu. 4 Tirages numériques de 75 x 50 + scotch, l’ensemble coulé dans une résine cristal époxy.